Dans un monde en quête de transition énergétique et d’avancées technologiques, les terres rares sont devenues des ressources incontournables. Ces métaux aux propriétés exceptionnelles alimentent nos smartphones, propulsent les voitures électriques et font tourner nos éoliennes. Pour l’investisseur averti, ils représentent une opportunité unique, mais non sans risques. Découvrez comment positionner votre portefeuille sur ce marché stratégique en pleine croissance.
En Résumé
Les terres rares représentent aujourd’hui un secteur d’investissement à fort potentiel, porté par l’essor des technologies vertes et numériques. Si leur demande mondiale devrait croître de plus de 4% par an jusqu’en 2030, les risques sont multiples : dépendance envers la Chine (60% de la production mondiale), volatilité des prix, et défis environnementaux majeurs. Les investisseurs peuvent s’exposer à ce marché via des ETF spécialisés comme le VanEck Rare Earth and Strategic Metals UCITS ETF (REMX), des actions d’entreprises minières, ou indirectement via des sociétés technologiques.
- Qu'est-ce que les terres rares et pourquoi sont-elles stratégiques?
- Le marché des terres rares : état des lieux et perspectives d'avenir
- Comment investir dans les terres rares en 2025 ?
- Analyse des opportunités d'investissement dans les terres rares
- Les risques majeurs de l'investissement en terres rares
- Le paradoxe environnemental des terres rares
- Perspectives d'investissement à long terme
- FAQ : Vos questions sur l'investissement dans les terres rares
- Conclusion : équilibrer opportunités et précautions
- Avertissement
- Sources et références
Qu’est-ce que les terres rares et pourquoi sont-elles stratégiques?
Définition et caractéristiques des terres rares
Contrairement à ce que leur nom suggère, les terres rares ne sont pas particulièrement rares dans la croûte terrestre. Ce groupe de 17 éléments métalliques comprend les 15 lanthanides auxquels s’ajoutent le scandium et l’yttrium. Leur véritable rareté réside dans la difficulté à les trouver en concentration exploitable et dans la complexité de leur extraction et purification.
Ces éléments possèdent des propriétés physiques et chimiques exceptionnelles : magnétisme puissant, conductivité, luminescence et résistance à haute température. C’est cette combinaison unique qui les rend irremplaçables dans de nombreuses applications de haute technologie.
Je travaille depuis plus de 15 ans dans l’analyse des matières premières stratégiques, et je n’ai jamais observé un groupe de métaux aussi discrets mais fondamentalement indispensables à notre économie moderne.
Applications technologiques et industrielles clés
Les terres rares sont les véritables « vitamines de l’ère moderne » – invisibles mais essentielles. Leurs applications couvrent des secteurs stratégiques :
- Transition énergétique : aimants permanents pour éoliennes (néodyme, praséodyme, dysprosium)
- Mobilité électrique : batteries, moteurs, catalyseurs (lanthane, cérium)
- Numérique : smartphones, écrans, disques durs (europium, terbium, gadolinium)
- Défense : systèmes de guidage, optique de précision (samarium, yttrium)
Un seul exemple parlant : une éolienne de 3 MW nécessite environ 600 kg de terres rares pour ses aimants permanents. Sans ces matériaux, nos technologies seraient plus lourdes, moins efficaces, et parfois simplement impossibles à fabriquer.
Panorama du marché mondial en 2025
En 2025, le marché mondial des terres rares représente environ 175 kilotonnes avec une valorisation dépassant les 6 milliards de dollars. Les analystes prévoient une croissance annuelle moyenne de 4,19% jusqu’en 2029, pour atteindre près de 215 kilotonnes.
La répartition géographique de la production reste déséquilibrée :
Pays | Part de la production mondiale | Principales entreprises |
---|---|---|
Chine | 60% | China Northern Rare Earth, Minmetals |
États-Unis | 15% | MP Materials |
Australie | 7% | Lynas Rare Earths, Iluka Resources |
Myanmar | 5% | Divers |
Autres | 13% | Divers |
Cette concentration géographique, particulièrement en Chine qui contrôle également près de 90% des capacités mondiales de raffinage, constitue l’un des principaux enjeux géopolitiques de ce marché.
Le marché des terres rares : état des lieux et perspectives d’avenir
Évolution du marché et projections jusqu’en 2030
Le marché des terres rares a connu une évolution tumultueuse. Après la crise de 2011 (lorsque la Chine a restreint ses exportations, provoquant une flambée des prix), nous avons observé une période de stabilisation suivie d’une croissance constante, principalement tirée par la transition énergétique.
Les tendances actuelles indiquent une dynamique positive :
- Demande croissante : +4-5% par an en volume
- Augmentation progressive des prix moyens
- Concentration de la valeur sur certains éléments clés (néodyme, dysprosium, terbium)
Selon les prévisions que j’ai pu analyser, la demande mondiale pourrait atteindre 315-340 kilotonnes d’ici 2030, soit presque le double des niveaux de 2020. Cette croissance sera particulièrement marquée pour les terres rares utilisées dans les aimants permanents, qui pourraient représenter plus de 40% de la demande totale.
La domination chinoise et ses implications géopolitiques
La dépendance envers la Chine reste le facteur géopolitique dominant. Bien qu’elle détienne environ 35% des réserves mondiales, la Chine assure 60% de l’extraction et contrôle jusqu’à 90% du raffinage mondial. Cette position dominante lui confère un levier stratégique considérable.
Toutefois, j’observe une évolution significative dans l’approche des autres puissances :
- Les États-Unis ont réactivé la mine de Mountain Pass en Californie
- L’Union européenne a classé les terres rares parmi les 34 matières premières critiques
- Le Japon a réussi à réduire sa dépendance aux importations chinoises de 90% à 58% en une décennie, avec un objectif de moins de 50% d’ici 2025
Ces initiatives reflètent une prise de conscience globale des risques associés à cette dépendance. Des tensions commerciales entre la Chine et l’Occident pourraient rapidement se traduire par des perturbations d’approvisionnement aux conséquences majeures.
Développement de nouvelles sources d’approvisionnement
Face à cette situation, de nouveaux projets d’extraction et de raffinage émergent hors de Chine :
- Projets miniers :
- Australie : Mine de Mount Weld (Lynas) et projet Eneabba (Iluka Resources) avec une production prévue de 17 500 t/an d’oxydes dès 2025
- États-Unis : Expansion de Mountain Pass (MP Materials)
- Canada : Strange Lake et plusieurs projets en développement
- Suède : Projet Norra Kärr, avec une extension de permis jusqu’en 2025
- Capacités de raffinage :
- Malaisie : Usine de Lynas à Kuantan
- Estonie : Usine Silmet (Neo Performance Materials)
- États-Unis : Projets soutenus par le département de la Défense (13 millions USD accordés)
Ces développements pourraient progressivement rééquilibrer le marché, mais la position dominante chinoise restera un facteur déterminant pour les investisseurs à moyen terme.
Comment investir dans les terres rares en 2025 ?
Investissement direct : ETF et fonds spécialisés
Pour l’investisseur souhaitant s’exposer au secteur sans sélectionner des entreprises individuelles, les ETF représentent l’option la plus accessible.
Le principal ETF spécialisé est le VanEck Rare Earth and Strategic Metals UCITS ETF (REMX), qui suit l’indice MVIS Global Rare Earth/Strategic Metals. Voici ses caractéristiques essentielles :
- TER (Total Expense Ratio) : 0,59% par an
- Méthode de réplication : Physique (intégrale)
- Nombre de valeurs : 28 entreprises
- Actifs sous gestion : environ 89 millions d’euros
- ISIN : IE0002PG6CA6
Les principales participations comprennent :
- China Northern Rare Earth Group
- Lynas Rare Earths
- Sociedad Quimica Y Minera De Chile
- Albemarle Corporation
- MP Materials
Ce type d’investissement permet une diversification sur l’ensemble de la chaîne de valeur et sur plusieurs zones géographiques. Toutefois, la performance peut être volatile, et les frais doivent être pris en compte dans l’évaluation du rendement potentiel.
Investissement dans les entreprises minières
L’investissement direct dans des actions d’entreprises minières spécialisées offre un potentiel de rendement plus élevé, mais avec un risque accru.
Les entreprises à considérer dans ce secteur incluent :
- Lynas Rare Earths (LYC.AX) : Premier producteur occidental avec des opérations en Australie et Malaisie
- MP Materials (MP) : Exploite la mine de Mountain Pass en Californie, seule mine active aux États-Unis
- Iluka Resources (ILU.AX) : Développe le projet Eneabba en Australie occidentale
- Neo Performance Materials (NEO.TO) : Spécialiste de la transformation et du raffinage
Quelques points à surveiller avant d’investir :
- Réserves prouvées et durée de vie des mines
- Capacité d’extraction mais aussi de raffinage
- Structure de coûts et rentabilité
- Exposition aux terres rares les plus stratégiques (Nd, Pr, Dy, Tb)
- Risques environnementaux et réglementaires
Mon expérience m’a appris qu’il est crucial d’analyser la capacité d’une entreprise à opérer sur l’ensemble de la chaîne de valeur, particulièrement dans sa capacité à produire des oxydes de terres rares séparés de haute pureté.
Investissement indirect via les entreprises technologiques
Une approche alternative consiste à investir dans les entreprises qui utilisent intensivement les terres rares dans leurs produits. Cette stratégie indirecte peut offrir une exposition au secteur tout en limitant certains risques spécifiques.
Parmi les secteurs concernés :
- Fabricants d’éoliennes : Vestas, Siemens Gamesa
- Véhicules électriques : Tesla, BYD
- Semi-conducteurs : entreprises spécialisées dans les puces haut de gamme
Cette approche présente l’avantage de s’exposer à la demande croissante de terres rares sans subir directement les fluctuations de prix ou les risques d’exploitation minière. Cependant, la performance de ces entreprises dépend de nombreux autres facteurs que le seul marché des terres rares.
Analyse des opportunités d’investissement dans les terres rares
Croissance de la demande liée aux technologies vertes
La transition énergétique constitue le principal moteur de croissance pour le marché des terres rares. Selon l’Université KU Leuven, l’Europe devra multiplier par 26 sa consommation en terres rares pour atteindre la neutralité carbone dans les 25 prochaines années.
Cette croissance se manifeste dans plusieurs secteurs :
- Éoliennes : La capacité mondiale installée pourrait tripler d’ici 2030, nécessitant d’énormes quantités de néodyme et dysprosium pour les aimants permanents
- Mobilité électrique : Chaque véhicule électrique utilisant des moteurs à aimants permanents nécessite environ 1 kg de terres rares
- Stockage d’énergie : Le développement des batteries et autres technologies de stockage augmente la demande de certaines terres rares
Selon mes analyses, les éléments qui bénéficieront le plus de cette tendance sont le néodyme, le praséodyme, le dysprosium et le terbium, dont les prix pourraient connaître une appréciation significative à moyen terme.
Diversification du portefeuille et protection contre l’inflation
Dans un contexte d’incertitudes macroéconomiques, les terres rares peuvent offrir une diversification intéressante pour un portefeuille d’investissement.
Avantages potentiels :
- Corrélation modérée avec les autres classes d’actifs traditionnels
- Exposition à des secteurs d’avenir (énergies renouvelables, véhicules électriques)
- Protection partielle contre l’inflation (les matières premières critiques tendant à s’apprécier en période inflationniste)
J’ai constaté que l’allocation optimale aux terres rares dans un portefeuille diversifié se situe généralement entre 2% et 5% pour la plupart des investisseurs, en fonction de leur profil de risque.
Potentiel du recyclage et de l’économie circulaire
Le recyclage des terres rares émerge comme un secteur d’investissement prometteur. Actuellement, moins de 1% des terres rares sont recyclées, mais cette proportion devrait augmenter significativement.
La Commission européenne a proposé des objectifs ambitieux :
- Rendement minimum de recyclage de 65% du poids des batteries d’ici 2025
- 70% d’ici 2030
- Taux minimal de récupération des principaux métaux (dont certaines terres rares)
Des initiatives innovantes se développent :
- Le projet BatreAres pour le recyclage des batteries NiMH
- Les technologies de Solvay pour récupérer les terres rares des lampes fluorescentes
- Les recherches de l’IFPEN sur des procédés de recyclage éco-efficients
Ce secteur pourrait devenir un complément stratégique à l’extraction minière traditionnelle, offrant des opportunités d’investissement dans des entreprises spécialisées comme American Battery Technology Company ou Lithion Recycling.
Les risques majeurs de l’investissement en terres rares
Volatilité des prix et incertitudes du marché
Le marché des terres rares est caractérisé par une volatilité significative. La crise de 2011 a vu certains prix multipliés par 10 avant de s’effondrer, et de telles fluctuations restent possibles.
Facteurs contribuant à cette volatilité :
- Marchés peu liquides et peu transparents
- Absence de cotation standardisée (contrairement à l’or ou au pétrole)
- Concentration de l’offre et variations rapides des politiques d’exportation
- Spéculations sur la demande future
L’investisseur doit être conscient que les rendements peuvent être erratiques à court terme, nécessitant une approche d’investissement à long terme et une diversification adéquate.
Risques géopolitiques et de dépendance
La concentration géographique de la production et du raffinage expose les investisseurs à des risques géopolitiques importants.
Scénarios à surveiller :
- Restrictions d’exportation chinoises (comme en 2010-2011)
- Tensions commerciales entre la Chine et l’Occident
- Instabilité politique dans les pays producteurs secondaires (Myanmar)
- Évolution de la politique environnementale chinoise, qui pourrait réduire la production
L’utilisation des terres rares comme levier diplomatique n’est pas une hypothèse théorique – nous l’avons déjà observée lors des tensions sino-japonaises et elle pourrait se reproduire dans le contexte actuel de rivalités stratégiques.
Impact environnemental et risques réglementaires
L’extraction et le raffinage des terres rares génèrent des impacts environnementaux considérables :
- Production de déchets toxiques et radioactifs (présence de thorium)
- Contamination des sols et des eaux
- Émissions de gaz à effet de serre
Selon un rapport de Greenpeace, la production d’un kilogramme de terres rares peut générer jusqu’à 2000 tonnes de déchets toxiques. Cette empreinte environnementale expose le secteur à des risques réglementaires croissants.
L’évolution des normes environnementales pourrait :
- Augmenter les coûts d’exploitation
- Retarder ou bloquer certains projets
- Avantager les entreprises aux pratiques les plus durables
À titre personnel, j’estime que l’analyse ESG (Environnementale, Sociale et de Gouvernance) est désormais indispensable pour évaluer correctement les investissements dans ce secteur.
Le paradoxe environnemental des terres rares
Conséquences écologiques de l’extraction
L’industrie des terres rares se trouve au cœur d’un paradoxe environnemental : ces métaux sont essentiels à la transition écologique, mais leur extraction engendre des dégâts considérables.
Dans la région de Baotou (Chine), principal centre mondial de production, les conséquences sont dramatiques :
- Déversements d’effluents toxiques dans l’environnement
- Contamination des nappes phréatiques par des métaux lourds
- Impacts sanitaires graves sur les populations locales
Le processus d’extraction et de raffinage requiert :
- D’importants volumes d’eau acidifiée
- Des produits chimiques toxiques
- Une consommation énergétique élevée
Ce paradoxe pose un dilemme aux investisseurs soucieux de l’environnement : comment soutenir la transition énergétique sans encourager des pratiques d’extraction destructrices ?
Le recyclage comme solution d’avenir
Le recyclage des terres rares représente une voie prometteuse pour résoudre ce paradoxe environnemental.
Avantages du recyclage par rapport à l’extraction primaire :
- Réduction significative de l’impact environnemental
- Diminution de la dépendance géopolitique
- Économie d’énergie et de ressources
Les obstacles actuels sont principalement économiques et techniques :
- Difficulté à séparer les terres rares des autres matériaux
- Coûts de recyclage encore supérieurs à l’extraction primaire
- Volumes insuffisants de déchets collectés
L’Union européenne vise à satisfaire 15% de sa consommation par le recyclage national, ce qui créera des opportunités significatives pour les entreprises innovantes dans ce domaine.
Innovations pour une extraction plus propre
Des recherches intensives sont menées pour développer des méthodes d’extraction plus respectueuses de l’environnement :
- Biolixiviation : Utilisation de micro-organismes pour extraire les terres rares
- Extraction par solvants bio-sourcés : Remplacement des produits chimiques conventionnels
- Procédés hydrométallurgiques avancés : Réduction de la consommation d’eau et d’énergie
L’Institut européen d’hydrométallurgie, lancé en 2013 à Marcoule, illustre cette dynamique d’innovation. Son réseau de 29 membres développe de nouvelles plateformes technologiques pour l’extraction et le recyclage des métaux.
Pour l’investisseur, ces innovations représentent à la fois une source d’opportunités (sociétés développant ces technologies) et un critère d’évaluation (entreprises minières adoptant des procédés plus propres).
Perspectives d’investissement à long terme
Tendances de marché 2025-2030
D’après mon analyse des tendances actuelles, plusieurs facteurs structurants façonneront le marché des terres rares entre 2025 et 2030 :
- Augmentation de la demande :
- Croissance annuelle moyenne de 4-5%
- Demande tirée principalement par les aimants permanents (+7-8% par an)
- Besoins croissants dans l’électronique de pointe et l’intelligence artificielle
- Restructuration de l’offre :
- Montée en puissance de projets hors de Chine
- Développement des capacités de raffinage occidentales
- Émergence significative du recyclage vers 2028-2030
- Évolution des prix :
- Tension persistante pour le néodyme, le dysprosium et le terbium
- Pression modérée sur les terres rares légères
- Volatilité liée aux évolutions géopolitiques
Le marché devrait atteindre environ 215 kilotonnes d’ici 2029 selon les projections de Mordor Intelligence, avec une valorisation dépassant les 10 milliards de dollars.
Évolution technologique et alternatives aux terres rares
Face aux défis d’approvisionnement, les industriels développent activement des alternatives pour réduire leur dépendance aux terres rares :
- Moteurs électriques sans terres rares (Tesla, par exemple, utilise des moteurs à induction)
- Aimants permanents utilisant moins de dysprosium
- Technologies de substitution pour certaines applications
Ces développements pourraient modérer la demande pour certains éléments. Cependant, mes recherches indiquent que les propriétés uniques des terres rares les rendront difficilement remplaçables dans de nombreuses applications critiques à moyen terme.
Pour l’investisseur, il est essentiel de surveiller ces évolutions technologiques qui pourraient remodeler certains segments du marché.
Stratégies d’investissement durable
En tenant compte de tous ces facteurs, je recommande les stratégies d’investissement suivantes :
- Approche diversifiée :
- Allocation limitée (3-5% du portefeuille)
- Combinaison d’ETF spécialisés et d’actions individuelles
- Exposition à différents segments de la chaîne de valeur
- Critères de sélection :
- Pratiques environnementales et sociales
- Innovation technologique
- Diversification géographique
- Santé financière
- Horizon d’investissement :
- Perspective de 5 à 10 ans minimum
- Tolérance à la volatilité à court terme
- Réévaluation régulière des fondamentaux du marché
J’encourage particulièrement les investisseurs à privilégier les entreprises qui s’engagent dans des pratiques d’extraction responsables et dans le développement du recyclage, qui représentent l’avenir du secteur.
FAQ : Vos questions sur l’investissement dans les terres rares
Les terres rares les plus stratégiques économiquement sont le néodyme, le praséodyme, le dysprosium et le terbium, principalement utilisés dans la fabrication d’aimants permanents. Ces quatre éléments représentent environ 90% de la valeur du marché des terres rares. Le néodyme est de loin le plus demandé, tandis que le dysprosium et le terbium, bien qu’utilisés en plus petites quantités, commandent des prix significativement plus élevés en raison de leur rareté.
Le VanEck Rare Earth and Strategic Metals UCITS ETF (REMX) constitue le moyen le plus simple pour s’exposer au secteur des terres rares. Avec un TER de 0,59%, il offre une diversification sur 28 entreprises couvrant différentes zones géographiques. Cependant, sa forte exposition aux entreprises chinoises (environ un tiers du portefeuille) l’expose aux risques géopolitiques. Sa performance reste volatile, comme le montre son historique. C’est un instrument adapté pour une allocation limitée dans un portefeuille diversifié, avec un horizon d’investissement long terme.
Actuellement, seul 1% des terres rares est recyclé, principalement en raison de défis économiques et techniques. Les coûts de recyclage restent supérieurs à ceux de l’extraction primaire pour la plupart des applications. Cependant, la situation évolue rapidement avec :
– Le développement de nouvelles technologies plus efficientes
– L’augmentation des volumes de déchets électroniques et de batteries
– Le renforcement des réglementations favorisant l’économie circulaire
– La montée des prix de certaines terres rares
D’ici 2030, le marché mondial du recyclage des terres rares pourrait atteindre 1,7 milliard USD selon le Global Battery Alliance, devenant progressivement une activité rentable.
La Chine contrôle environ 60% de la production minière mondiale et jusqu’à 90% des capacités de raffinage des terres rares. Cette position dominante lui confère un levier géopolitique important, comme démontré lors de la crise de 2011 lorsque les restrictions d’exportation ont fait flamber les prix. Pour les investisseurs, cette situation crée :
– Une volatilité potentielle des prix
– Des risques d’approvisionnement pour les entreprises occidentales
– Des incertitudes réglementaires liées aux politiques chinoises
Les efforts de diversification des sources d’approvisionnement progressent mais resteront insuffisants à moyen terme pour éliminer cette dépendance.
L’extraction et le raffinage des terres rares génèrent des impacts environnementaux majeurs :
– Production de déchets toxiques contenant des métaux lourds
– Présence de matériaux radioactifs comme le thorium et l’uranium
– Consommation intensive d’eau et risques de contamination des nappes phréatiques
– Émissions de CO₂ et autres gaz à effet de serre
Selon certaines estimations, la production d’un kilogramme de terres rares peut générer jusqu’à 2000 tonnes de déchets toxiques. Ces impacts environnementaux exposent les entreprises du secteur à des risques réglementaires croissants et à des pressions sociétales qui pourraient affecter leur valorisation.
Conclusion : équilibrer opportunités et précautions
L’investissement dans les terres rares présente un potentiel significatif, porté par des mégatendances comme la transition énergétique, la mobilité électrique et la révolution numérique. La demande croissante pour ces métaux critiques, conjuguée à une offre contrainte et concentrée, crée un contexte favorable à une appréciation à long terme.
Cependant, cet optimisme doit être tempéré par une prise en compte lucide des risques :
- Une volatilité historiquement élevée
- Des incertitudes géopolitiques majeures
- Des défis environnementaux et sociaux considérables
- Des évolutions technologiques potentiellement disruptives
En tant qu’analyste financier spécialisé dans ce secteur depuis 15 ans, j’encourage une approche prudente et diversifiée. Les terres rares ne doivent représenter qu’une part limitée d’un portefeuille d’investissement (3-5% maximum) et s’inscrire dans une stratégie à long terme.
L’avenir du secteur passera inévitablement par le développement du recyclage et l’amélioration des pratiques d’extraction. Les investisseurs avisés privilégieront les entreprises qui anticipent cette évolution et démontrent un engagement concret vers des pratiques plus durables.
A retenir
Marché en croissance : La demande en terres rares devrait augmenter de 4-5% par an jusqu’en 2030, tirée par les technologies vertes et numériques.
Dépendance stratégique : La Chine contrôle 60% de la production et 90% du raffinage mondial, créant des risques d’approvisionnement significatifs.
Options d’investissement : ETF spécialisés (REMX), actions d’entreprises minières ou exposition indirecte via des entreprises technologiques utilisant les terres rares.
Paradoxe environnemental : Ces métaux essentiels à la transition écologique sont extraits dans des conditions souvent désastreuses pour l’environnement.
Horizon long terme : Les investissements dans ce secteur doivent s’inscrire dans une perspective d’au moins 5-10 ans, avec une tolérance à la volatilité.
Avertissement
Les informations contenues dans cet article ne constituent pas des conseils en investissement personnalisés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Tout investissement comporte des risques de perte en capital. Consultez un conseiller financier professionnel avant de prendre des décisions d’investissement.
Sources et références
- Rapports et études
- Mordor Intelligence, « Marché des éléments de terres rares – Prévisions 2024-2029 », 2024
- Commission européenne, « Critical Raw Materials Act », 2023
- Global Battery Alliance, « Étude sur le recyclage du lithium et terres rares », 2024
- BRGM, « Le marché des terres rares en 2022 », juillet 2022
- Sites spécialisés
- MineralInfo, « Marché des terres rares 2022: filières d’approvisionnement en aimants permanents », 2023, https://www.mineralinfo.fr/fr/ecomine/marche-des-terres-rares-2022-filieres-dapprovisionnement-aimants-permanents
- IFPEN, « Métaux critiques et terres rares : Nos solutions », 2023, https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/innovation-et-industrie/nos-expertises/climat-environnement-et-economie-circulaire/metaux-critiques-et-terres-rares/nos-solutions
- CNRS, « Les terres rares : le paradoxe environnemental », https://www.insu.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/les-terres-rares-le-paradoxe-environnemental
- Informations financières
- JustETF, « VanEck Rare Earth and Strategic Metals UCITS ETF », 2025, https://www.justetf.com/fr/etf-profile.html?isin=IE0002PG6CA6
- ExtraETF, « Guide des meilleurs ETF 2025 : ETF Terres rares », Mars 2025, https://extraetf.com/fr/guides/themes/rare-earth
- Rapports institutionnels
- Sénat français, « Les enjeux stratégiques des terres rares et des matières premières stratégiques et critiques », https://www.senat.fr/rap/r15-617-1/r15-617-1.html
- ADEME, « Fournir des métaux pour le marché des batteries », Janvier 2025, https://infos.ademe.fr/lettre-recherche-janvier-2022/fournir-des-metaux-pour-le-marche-des-batteries/